« Nous essayons de mettre le territoire en réseau et le basque est le moyen de le faire »

Romain Roquefère (Directeur et fondateur de Hupi avec Vincent Moreno) et Irati Rodriguez (Responsable développement commercial)

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Hupi est une entreprise spécialisée en intelligence artificielle née à Bidart en 2013 et depuis 2018 l’entreprise est à Saint-Sébastien aussi. 14 personnes y travaillent actuellement et ont des clients dans tout le Pays Basque. Hupi avait obtenu le Label Bai Euskarari en 2021 et cette année, le prix Bai Euskarari Saria.

 

Vous avez reçu le prix Bai Euskarari Saria. Qu'est-ce que cela signifie pour vous de le recevoir ?

RODRIGUEZ: C'est la reconnaissance du travail accompli au cours de toutes ces années. Au Pays Basque Nord, et surtout dans le domaine technologique où nous sommes, ce n'est pas si facile d’inclure la langue basque dans le travail. Mais cela fait partie de notre ADN depuis le début et ça a été un choix de l'entreprise. Pour nous, la Communauté et l’association Bai Euskarari ont été un point de référence ; c'est un honneur d'être parmi les lauréat·es de tous ces années.

ROQUEFÈRE: En vérité, il n'est pas facile de concilier travail et apprentissage de l’euskara et ce prix nous donne la motivation de continuer. Nous sommes une petite entreprise et, en tout humilité, nous voulons montrer que c’est possible de maintenir une activité économique et apprendre et utiliser la langue basque au même temps. Nous avons vu que, suivant notre exemple, d'autres entreprises du Pays Basque Nord ont aussi commencé à bénéficier de formations.

Quelles sont les démarches que vous avez prises en faveur de la langue basque ?

ROQUEFÈRE: À Hupi nous voulons travailler et vivre en euskara. Nous avons quelques bascophones dans l'entreprise et le reste d'entre nous prend des cours d’euskara chaque semaine avec AEK. Lorsque nous embauchons des gens, nous essayons de les faire suivre des cours aussi. Nous essayons également d'utiliser l’euskara au quotidien : dans les messages, avec la clientèle, en l’incluant dans les présentations... Et en plus de ça nous participons à divers événements liés à la langue basque : Korrika, Euskaraldia, Herri Urrats...

RODRIGUEZ: Hupi n'est pas qu'une entreprise, c'est aussi un vecteur de transformation du territoire et de promotion du développement économique, et l’euskara est un outil pour le faire. En plus de promouvoir la langue basque, nous soutenons également d'autres événements et projets : Ikusi Mikusi, les Pastorales, nous utilisons l’Eusko, nous sommes membres d'Enargia... Nous essayons de mettre le territoire en réseau et le basque est le moyen de le faire.

« Hupi n'est pas qu'une entreprise, c'est aussi un vecteur de transformation du territoire et de promotion du développement économique»

 

C’est quoi votre travail à HUPI ? Que proposez-vous aux différentes entreprises et organisations ?

ROQUEFÈRE: Nous sommes une entreprise spécialisée en intelligence artificielle et nous trouvons des solutions digitales pour notre clientèle. Nous avons deux sièges sociaux, à Bidart et à Saint-Sébastien, et nous sommes au total 14 personnes dans l’équipe de travail. Nous travaillons pour des entreprises de tout le Pays basque : Safran Helicopter Engines, Suez, le groupe Mondragon et Gestamp, entre autres.

RODRIGUEZ: Nous sommes une entreprise spécialisée dans l'intelligence artificielle et les systèmes cyber physiques, et nos solutions digitales sont des assistants virtuels : un outil pour fournir des recommandations automatiques et en temps réel à l'opérateur·trice ou à l'employé·e d'une entreprise. Notre objectif est toujours de faciliter ce processus de prise de décision. L'informatique décisionnelle affiche une vue historique des données, ce qui est nécessaire pour comprendre ce qui s'est passé jusqu’à là. Grâce à l'intelligence artificielle, nous aidons à prendre les décisions qui serviront pour l'avenir. Il est nécessaire de comprendre le passé, mais nous allons plus loin et passons d'une forme réactive à une forme proactive.

Comment l'intelligence artificielle a-t-elle évolué ces dernières années et mois ?

RODRIGUEZ: L'intelligence artificielle est désormais sur toutes les lèvres et c’est vrai que ça nous a apporté des avantages, car d'une certaine manière, tout le monde comprend ce qu'est l'intelligence artificielle et à quoi elle sert. Par contre, il y a une certaine vision catastrophiste : que c'est à copier dans les examens, que ça nous enlèvera notre travail... Nous considérons l'intelligence artificielle un autre outil pour faciliter la vie quotidienne.

Conformément à nos valeurs, c’est important de démocratiser l'intelligence artificielle aussi. Jusqu'à présent, c’était surtout les grandes entreprises et organisations qui utilisaient cette technologie, mais peu à peu, nous montrons que même les petites entreprises peuvent l’utiliser.

ROQUEFÈRE: Certaines entreprises voient l'intelligence artificielle comme de la science-fiction, et donc il y en a qui sont déçu·es par les résultats. L'objectif ne doit pas être trop irréel. Nous améliorerons le niveau en six mois et nous allons reduire un peu les problèmes; nous ne vendons jamais de rêves.

Quelles sont vos solutions exactement ?

RODRIGUEZ: Jusqu'à présent, nous étions très basés dans le domaine industriel et nous y avons créé plusieurs modules. Nous n'avons pas de produit concret, nous essayons de nous adapter aux besoins de chaque entreprise : faire une planification optimisée dans la chaîne de production, des travaux de maintenance prédictive, aider à la configuration d'une machine en faisant des paramètres dynamiques, … Nous travaillons aussi dans le domaine de la mobilité, en prévoyant la demande pour optimiser la gestion des transports. Nous intervenons également dans le domaine de l'énergie, en faisant correspondre la demande et l'offre d'énergie. Nous effectuons aussi des travaux liés à l'eau, pour surveiller les réseaux et prévoir les débits d'eau, par exemple.

ROQUEFÈRE: L'intelligence artificielle est en train de changer notre monde, mais c'est à nous de déterminer comment il va le changer, nous accordons une grande importance à ça. Les assistants virtuels que nous créons sont destinés à aider les gens, pas à les remplacer. D'autre part, nous voulons utiliser nos connaissances pour aider les entreprises locales : Euskal Moneta, Enargia, Herrikoa, … Nous travaillons avec l'intelligence artificielle pour promouvoir différents projets au Pays Basque Nord.

« L'intelligence artificielle est en train de changer notre monde, mais c'est à nous de déterminer comment il va le changer »

Il y a beaucoup de questions sur la confidentialité des données. Quelles sont les mesures que vous prenez à cet égard ?

RODRIGUEZ: La confidentialité des données est très importante pour nous. Les données de notre clientèle appartiennent au client, pas à nous. Nous recueillons, transformons, utilisons et, après, retournons ces données. Nous créerons une application basée sur ces données, c’est tout.

Nous avons un centre de données local, appelé Izarlink, situé à Bidart en dessous de notre bureau. Le savoir-faire des entreprises est dans ces données et elles sont souvent très méfiantes par rapport à qui nous allons les partager.

Vous avez les relations transfrontalières très présentes dans votre entreprise. Comment vivez-vous cette réalité ?

ROQUEFÈRE: C’est très facile de travailler des deux côtés de la frontière. Il nous est plus facile d'aller au Pays Basque Sud qu'à Bordeaux ou Toulouse.

RODRIGUEZ: Romain dit toujours que la frontière de Biriatou n'est qu'un péage à payer, comme aller de Saint-Sébastien à Bilbao. Il y a de transactions des deux côtés et elles sont très productives.

Selon vous, pourquoi les entreprises devraient-elles utiliser la langue basque ?

RODRIGUEZ: L’euskara est notre langue et caractérise notre territoire. Nous voulons montrer que le basque peut être utilisé dans tous les secteurs. C'est vrai que beaucoup de mots techniques sont en anglais, donc, au niveau de la programmation ce ne sera pas pareil, mais pour la communication et avec les gens, l’euskara est notre langue commune.

Quels défis avez-vous pour l'avenir ?

ROQUEFÈRE: Hupi est en pleine croissance et puisque l’entreprise est autofinancée, notre défi est de réfléchir à comment nous allons continuer à nous développer. Vincent Moreno et moi-même sommes associés dans l'entreprise et, cette année, nous avons décidé de faire devenir propriétaires de l’entreprise plus de nos empolyé·es. Notre rêve est que les collègues qui seront propriétaires partagent nos valeurs. C'est un grand pas dans notre esprit et nous ne vendrons jamais notre entreprise, mais nous avons besoin de transmission. Hupi doit être dans notre pays, avec nos valeurs.

RODRIGUEZ: Nous voulons changer l'approche verticale et favoriser l'horizontalité. Hupi est un outil pour influencer notre territoire et nous ne voulons pas le perdre.

 

Chers amis, et chères amies,
 

Vous aussi vous pouvez soutenir notre projet en devenant Bai Euskarari Laguna.

L’objectif de l’association Bai Euskarari est d’impulser l’utilisation de l’euskara dans le secteur socio-économique, et cela dans tout le Pays Basque. Le certificat ou Label bai Euskarari est l’élément le plus distinctif de l’association, et en plus de ce projet, nous en avons d’autres qui visent à accroître l’utilisation de l’euskara toujours dans le secteur socio-économique : tel que le réseau d’entreprise et de professionnel Enpresarean, le portail de travail Lansarean, le comité d’entreprise Euskaragileak, Lanabes-Araban Euskara Lanean, etc.

Notre projet est principalement viable grâce à l’apport des entités certifiées, à savoir grâce à la communauté Bai Euskarari. Cependant, vous pouvez tout de même soutenir notre projet sans obtenir de certificat en devenant Bai Euskarari Laguna.

De plus, l’association Bai Euskarari a reçu la dénomination d’activité prioritaire de mécénat par Gizpukoako Foru Aldundia. Ainsi, vous aurez un avantage fiscal dû à la contribution faite à Bai Euskarari : une déduction de 18% pour les entreprises et 30% pour les particuliers.

 

DEVENEZ MEMBRE DE LA COMMUNAUTE BAI EUSKARARI

 


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