Jean-François Lefort (Lof) est le directeur de Medibask.
Qu'est-ce que Mediabask et quels sont ses objectifs ?
Mediabask est un projet de communication du Pays Basque Nord plutôt récent puisqu’il a été créé en 2015. Il peut être considéré comme « l'héritier » du Journal du Pays Basque, disparu en 2012. À noter également que nous sommes membre du groupe NAIZ, dans le cadre d'un projet de communication sur tout le Pays Basque.
En tant que médias, notre objectif premier et fondamental est d'informer les citoyens de manière la plus professionnelle et rigoureuse. Notre priorité est de fournir ces informations d’un point de vue local. Bien sûr, comme tout média, notre objectif est d'attirer le plus de lecteurs possible, mais comparé aux grands médias, notre but est surtout de faire consommer une presse locale qui est économiquement et éditorialement indépendante. Enfin, notre objectif est aussi de contribuer au développement du Pays Basque Nord.
Quels sont les différents supports de Mediabask, et quel type d'informations proposez-vous ?
Nous avons trois principaux médias : l'hebdomadaire Mediabask, qui est publié sur papier, et les portails Web Mediabask.eus et Kazeta.eus. Maintenant, nous cherchons à créer une radio.
Notre fonction principale est d'informer la population locale des faits locaux, tant ceux du Pays Basque Nord que ceux de tout le Pays Basque. De ce point de vue, nous essayons de traiter l'information, même lorsque celle-ci se trouve en dehors de notre territoire. Il est impératif pour nous de donner la parole aux acteurs locaux, de manière diversifiée et large, en prenant toujours en compte toutes les points de vue qui existent sur le territoire.
Notre projet a un fort attachement au territoire, à ses principales problématiques et thématiques, et d'un point de vue progressiste il essaie d'aborder tous ces enjeux. Depuis l’actualité mais aussi d'une manière plus profonde. En lien avec cela, étant donné que nous sommes convaincus que nous jouons un rôle dans le développement du territoire, nous nous considérons donc aussi comme un outil pour susciter ou nourrir des débats.
Combien de personnes composent la rédaction de Mediabask ?
Nous sommes au total seize dans l'équipe Mediabask, si l'on prend en compte l'administration, les journalistes, les commerciaux et les photographes. A noter que neuf d'entre eux sont bascophones. La rédaction compte neuf journalistes.
Quel est l'état actuel du journalisme au Pays Basque Nord ? Voyez-vous des lacunes ?
C'est un vaste sujet aux contours multiples. Globalement, les nouvelles technologies engendrent des changements rapides dans le domaine de la communication. Il n'est pas facile pour les médias locaux d’avoir la capacité des grands médias à se transformer à ce rythme. Je dirais que c'est une des difficultés, mais aujourd'hui nous sommes plongés dans cette voie.
L'influence des médias français et des médias qui ont un grand soutien économique reste énorme sur notre territoire. Rivaliser avec eux est très difficile pour des projets de communication qui se veulent être financièrement et éditorialement indépendants, comme le nôtre. Cependant, les citoyens apprécient de plus en plus de lire les actualités locales et la voix de la population locale, et c'est l'un de nos points forts.
Je mentionnerai également le manque de formation des jeunes et des journalistes locaux. Les étudiants doivent se rendre à Bordeaux ou au Pays Basque Sud pour étudier le journalisme. Une grande rupture se produit par rapport au territoire. C'est pourquoi, tant qu’il n’y a pas d’étude universitaire, je pense que former des jeunes au journalisme est un grand défi.
Il y a eu de nombreux changements sociaux et politiques au Pays Basque Nord ces dernières années et je pense que nous devons également regarder ce contexte dans le domaine de la communication afin de faire un nouveau bond vers l'innovation et la diffusion. C'est une nouvelle ère pour les médias comme nous qui travaillons du Pays Basque et pour le Pays Basque, car nous vivons une forte dynamique de partenariat entre les acteurs locaux et les institutions.
Vous souhaitez développer la presse locale et pour cela vous avez des accords avec différentes associations et initiatives. Quels accords avez-vous ?
En plus de développer la presse locale, travailler avec des acteurs locaux est la philosophie de notre média. Comme nous l'avons fait avec Bai Euskarari, nous avons également un accord avec Euskal Moneta pour étendre l'utilisation de l’Eusko et promouvoir l'économie locale, la transition écologique et la langue basque.
Dans le domaine des médias, à travers le portail Kazeta.eus de notre projet, nous participons activement au sein de l’association Euskal Hedabideak. Par ce biais nous nous réunissons avec Kanaldude, Euskal Irratiak, Iparraldeko Hitza et Herria, afin de promouvoir ensemble davantage le travail des médias en langue basque. Nous sommes également en relation avec le nouveau média des jeunes, Bada.
L'attachement à la langue basque est également évident dans votre organisation, puisque vous avez récemment obtenu le Certificat Bai Euskarari. Que vous apporte le certificat ?
Depuis sa création, Mediabask s'est clairement engagé à avoir un impact positif envers la langue basque et sa normalisation. Rappelons ici que le portail numérique Kazeta.eus, créé il y a 13 ans, en basque, fut le premier du Pays Basque Nord. D'autre part, notre ligne éditoriale répond au défi de la normalisation de l’euskara et, malheureusement, en raison de la situation sociolinguistique difficile du Pays Basque Nord, nous essayons de rapprocher ceux qui ne parlent pas le basque au basque.
Le Certificat Bai Euskarari nous permet de combler les lacunes que nous avons identifiées et de prendre des mesures. Nous avons réfléchi à ce que nous avions à améliorer dans notre fonctionnement interne et dans d’autres démarches. En vue de l'extérieur, nous nous engageons à donner de l'importance et du prestige à la langue basque et nous pensons que le Certificat est l’outil adéquat pour cela. Enfin, je pense qu’il peut contribuer au fait que d’autres médias réalisent qu’ils peuvent prendre des mesures en faveur de l’euskara.
Vous aussi vous pouvez soutenir notre projet en devenant Bai Euskarari Laguna.
L’objectif de l’association Bai Euskarari est d’impulser l’utilisation de l’euskara dans le secteur socio-économique, et cela dans tout le Pays Basque. Le certificat ou Label bai Euskarari est l’élément le plus distinctif de l’association, et en plus de ce projet, nous en avons d’autres qui visent à accroître l’utilisation de l’euskara toujours dans le secteur socio-économique : tel que le réseau d’entreprise et de professionnel Enpresarean, le portail de travail Lansarean, le comité d’entreprise Euskaragileak, Lanabes-Araban Euskara Lanean, etc.
Notre projet est principalement viable grâce à l’apport des entités certifiées, à savoir grâce à la communauté Bai Euskarari. Cependant, vous pouvez tout de même soutenir notre projet sans obtenir de certificat en devenant Bai Euskarari Laguna.
De plus, l’association Bai Euskarari a reçu la dénomination d’activité prioritaire de mécénat par Gizpukoako Foru Aldundia. Ainsi, vous aurez un avantage fiscal dû à la contribution faite à Bai Euskarari : une déduction de 18% pour les entreprises et 30% pour les particuliers.
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