« Le respect envers nous-mêmes et envers autrui, construisons un système plus juste et plus sain »

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La psychologue-psychothérapeute Laida Aguerretche-Colina consulte à Ciboure (Lapurdi). En juin, elle a obtenu le Certificat Bai Euskarari, au niveau «Euskararen bidean». Elle est l'une des rares psychologues du Pays Basque nord à soigner ses patients en langue basque et nous l'avons interviewé sur son travail.

Laida, tu es psychologue psychothérapeute. Dans quel domaine travailles-tu en particulier ?

Depuis que j'ai commencé à travailler en tant que psychologue, j'ai travaillé dans différents domaines, des deux côtés de la frontière et en trois langues. Dans un premier temps, j'ai travaillé avec les enfants, les adolescents et plus généralement avec les familles, dans l'éducation avec Seaska par exemple, mais aussi au CMPP de Saint-Jean-de-Luz, dans le domaine de la santé. Après avoir travaillé dans le programme d'intervention précoce dans les écoles à Saint-Sébastien, je suis allée dans une clinique psychiatrique à Bayonne. Parallèlement à tout cela, je consultais également en privée, et, depuis avril 2017, j'ai décidé de me concentrer uniquement sur cette activité. Quant au public, au fil des années, j'ai progressivement acquis plus d'expérience avec les adultes et aujourd’hui ces derniers sont mon seul public. En plus de la psychothérapie individuelle, je dirige des groupes de femmes. Et aujourd'hui encore, j'ai la chance de continuer à travailler en basque, en français et en espagnol.

Comment la pandémie du COVID-19 a-t-elle affecté ton travail ?

Le jour où le confinement a débuté au Pays Basque Sud, j'ai pris la décision de clore les consultations, en pensant que cela arriverait ici également. Quelques jours plus tard, nous étions également confinés au Pays Basque Nord. J'ai passé une semaine à retourner les choses, étant consciente que la situation durerait un moment, je réfléchissais à la manière dont j'aiderais les patients. Comme il nous était interdit de consulter en présentiel, j'ai donné la possibilité aux patients qui le souhaitaient de consulter par vidéoconférence. Ce n'était pas la meilleure façon de travailler pour moi, mais je l'ai vu comme la seule option possible. J'ai été très surprise de voir que la plupart des patients acceptent cette proposition. J'ai appris à travailler avec la froideur de l'écran, à travailler la relation d'une manière différente. Je donne la priorité au corps et aux émotions dans ma façon de travailler, dans ce contexte, il a été plus difficile pour moi de me concentrer sur cela. J'ai donné aux patients plus de «devoirs» que d'habitude et j'ai essayé d’alimenter la relation grâce à la technologie, par exemple en envoyant des vidéos musicales. Même si cela a été très laborieux, cela nous a permis de ne pas rompre le lien et le fait de reprendre les consultations en présentiel et de retrouver la proximité physique et affective avec les patients lors du déconfinement a été très bénéfique pour moi.

Le post confinement, le télétravail, les enfants sans école, l'incertitude ... au vu de ce contexte beaucoup de personnes traversent une mauvaise passe. Pourrais-tu donner un conseil pour améliorer la situation de chacun ?

Je trouve difficile de répondre à cette question, car des conseils trop généraux peuvent être simplement une « obligation lourde » en plus. Quant à moi, j'ai pu évaluer à qui et à quoi je voulais et pouvais donner la priorité au quotidien. Dans la mesure du possible, mon conseil serait de se concentrer sur cela. Qu'est-ce qui m’alimente ? Nourrissez-vous de cela. Qu'est-ce qui me fait mal? Libérez-vous de cela. Je dis bien dans la mesure du possible, car nous ne pouvons oublier que nous vivons dans un système et que nos propres désirs ne sont pas toujours conformes aux règles et aux exigences du système. Se replacer au centre de sa vie est une tâche essentielle. Le respect envers nous-mêmes et envers autrui, construisons un système plus juste et plus sain. Nous serions tous gagnants.

Tu as lancé l'atelier Lecture au féminin dirigé aux femmes à Urrugne. Quel est l’objectif de l'atelier?

J'ai moi-même participé à un atelier comme celui-ci en tant que patiente, et à partir de là j'avais pensé à réaliser ce projet. Nous commençons par lire le livre de Clarissa Pinkola Estes Femmes qui courent avec les loups ou Mujeres que corren con los lobos. Ce sont des cycles de neuf mois, de petits groupes chaleureux de 5/6 femmes. D'une séance à l'autre, nous déterminons quelle lecture nous ferons et partageons ensuite une analyse personnelle de cette lecture. De nombreux thèmes sont abordés, mais l’objectif principal est de prendre conscience de la place que nous les femmes occupons dans la société ou dans notre vie quotidienne, mais aussi des rôles qu’on nous impose ou que nous prenons. Une fois que nous nous connaissons un peu mieux, le groupe nous donne la force de changer ce que nous voulons changer, car le respect mutuel et la bienveillance sont la base de tous ces groupes. C’est une expérience très agréable et enrichissante pour tout le monde, car chacun des groupes m’apporte également de nouvelles leçons à moi aussi. Il y a toujours quelque chose à apprendre, à approfondir et à améliorer.

L'autonomisation des femmes est-elle importante lors des séances de thérapie ?

Dans l'ensemble, je pense que toute autonomisation est importante. Dans le cas des femmes, comme nous vivons dans un système hétéro patriarcal mondialisé, nous avons encore du travail à faire pour avancer et nous faire notre place. Donc dans ce sens oui, je pense que l’autonomisation a une place importante lors de mes séances et dans les groupes de femmes. En tant que spécialiste de la thérapie Gestalt, l'objectif principal de mon travail est d'aider le patient à vivre le plus librement possible. Faire ses choix et s’en charger, car il n'y a pas de liberté sans responsabilité.

Tu viens d'obtenir le certificat Bai Euskarari. Quelle valeur le certificat offre-t-il à tes services ?

La langue basque est ma langue maternelle et elle a toujours été la base de ma vie. J'ai fait toute ma scolarité à Seaska, puis j’ai fait le choix d’aller à la Faculté de psychologie de Saint-Sébastien pour poursuivre mes études supérieures en langue basque. Il était très clair pour moi donc que je voulais travailler en langue basque et offrir ce service aux bascophones. Nous sommes très peu de psychologues bascophones à consulter en privée en Iparralde, et je pense qu'il est encore plus important de préciser que je travaille en euskara. J'espère que le certificat m’aidera à mettre cela en évidence. Symboliquement et affectivement, il est très important pour moi d'aimer et de prendre soin de notre langue, je pense que parler le basque au Pays Basque Nord est encore un acte de militantisme. Je veux tout simplement vivre en euskara.

 

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